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La pair-aidance en santé mentale : qu’est-ce que c’est, et pourquoi ça compte ?

Publié le 31/10/2025

1. Définition et origine


La pair-aidance désigne l’accompagnement mutuel par des personnes ayant vécu une expérience de trouble psychique ou de maladie. Le fondement : un savoir expérientiel — c’est-à-dire une connaissance issue du vécu — qui ne remplace pas l’expertise médicale, mais la complète.
Comme le soulignent Faroudja Hocini et Bruno Dallaporta dans une tribune au Monde :


« La pair-aidance ne prétend pas remplacer l’expertise médicale ; elle la complète, la réhumanise et surtout, elle l’interroge. » Le Monde.fr


Ce positionnement est essentiel : la pair-aidance n’est ni un substitut, ni une “version low-cost” des soins, mais un enrichissement du dialogue.


Historiquement, des formes de pair-aidance existent depuis longtemps (Groupes d’Entraide Mutuelle, mouvements d’émancipation psychiatrique, etc.). Le Monde.fr+2Centre ressource réhabilitation+2 En France, la reconnaissance formelle de ce rôle reste encore parcellaire, mais des textes récents montrent une volonté de structuration. HAS Santé+1

2. Quels bénéfices pour les personnes concernées et le système de santé ?


  • Rétablissement et empowerment
    : la pair-aidance redonne à ceux qui vivent des troubles psychiques un “pouvoir d’agir”, une capacité à reprendre du sens dans leur trajectoire. Le Monde.fr+2pleinespoir.co+2 
  • Lutte contre la stigmatisation : en partageant des récits de vie, les pairs-aidants contribuent à transformer le regard sur la maladie mentale. Le Monde.fr+1


  • Dialogue plus humain : la présence d’un pair peut rendre la relation de soin moins asymétrique, plus sensible aux dimensions personnelles de la souffrance. Le Monde.fr+2HAS Santé+2 
  • Amélioration des parcours de soin : dans certaines structures, les pairs sont intégrés dans les équipes pour accompagner des patients, faire le lien avec les services, apporter une “voix d’expérience”. Le Monde.fr+3HAS Santé+3pleinespoir.co+3 


Mais attention : pour que ces bénéfices se réalisent, la pair-aidance doit être soutenue, reconnue, accompagnée — sinon le risque est de la mettre sur “le dos des patients” sans ressources.


3. Les défis structurels et politiques : pourquoi l’État doit sortir de la “logique de l’offre de soins seule”


Dans un autre article, Le Monde souligne que les politiques de santé mentale ne peuvent pas se limiter à fournir des soins : il faut agir sur les déterminants (logement, précarité, isolement, insertion sociale). Le Monde.fr


Quelques points extraits de cette réflexion :


  • Gouvernance interministérielle
    : la santé mentale traverse de nombreux domaines (emploi, logement, justice, éducation). Une coordination étroite est nécessaire pour éviter les silos. Le Monde.fr 
  • Dialogue permanent avec les personnes concernées : co-construire les politiques avec les usagers, les aidants, les professionnels locaux, pour mieux adapter les réponses aux réalités du terrain. Le Monde.fr 
  • Déploiement territorial : la pair-aidance ne doit pas rester concentrée dans les grandes villes ou les institutions spécialisées — elle doit irriguer les territoires, répondre à des besoins locaux. pleinespoir.co+2Le Monde.fr+2


Si l’on veut que la pair-aidance prenne place durablement, elle doit être soutenue par des politiques publiques fortes, avec des financements, des formations, des passerelles entre acteurs.

4. Regard sur quelques obstacles concrets


  • Manque de reconnaissance / légitimité
    : certains médecins, institutions ou services ne voient pas encore le rôle du pair comme légitime ou stabilisé dans la chaîne de soins. Le Monde.fr+2HAS Santé+2


  • Formation et soutien : être pair-aidant demande une formation adaptée, un soutien émotionnel, des espaces d’échange, des modalités de collaboration avec les équipes soignantes. Le Monde.fr+3pleinespoir.co+3HAS Santé+3 
  • Intégration institutionnelle : il faut des référentiels, des protocoles, des structures d’accueil. La HAS travaille à une note de cadrage relative à la pair-aidance dans les organisations sanitaires, sociales et médico-sociales. HAS Santé 
  • Déploiement inégal : dans certaines zones rurales ou dans les territoires peu dotés, il est plus difficile de structurer des dispositifs de pair-aidance. pleinespoir.co+1 

5. Que faudrait-il pour faire de la pair-aidance une composante pérenne du système de santé mentale ?


Voici quelques axes à retenir :


  1. Cadre réglementaire et reconnaissance professionnelle
     Créer une filière professionnelle ou statut adapté pour les pairs-aidants, les intégrer dans les équipes avec des droits et responsabilités définis.


  2. Financement pérenne
     Développer des budgets dédiés dans les politiques de santé mentale, dans les établissements, les collectivités, pour qu’on ne dépende pas du “bon vouloir”.


  3. Formation et supervision
     Développer des parcours de formation initiale et continue pour les pairs-aidants, avec supervision, soutien psychologique, accompagnement des équipes.


  4. Gouvernance partagée
     Mettre en place des instances de dialogue permanentes entre usagers, pairs-aidants, professionnels et décideurs — pour que la pair-aidance soit conçue avec, pas pour.


  5. Approche globale au-delà du soin
     Intégrer la pair-aidance dans les stratégies de santé publique, de promotion de la santé mentale, et des politiques sociales (logement, emploi, inclusion). Cela rejoint l’idée que les politiques de santé mentale doivent dépasser l’offre de soins pour agir sur les déterminants. Le Monde.fr 

Conclusion


La pair-aidance n’est pas une mode ou un concept abstrait : c’est une pratique concrète, qui s’enracine dans des parcours de vie, qui porte de l’espoir, et qui questionne nos approches du soin. Elle rappelle que, derrière toute pathologie, il y a une personne, un vécu, une histoire — et que ce vécu peut être une force.


Pour que la pair-aidance devienne un pilier durable de la santé mentale, il faut la structurer, la former, la financer, et la penser comme un maillon du système — non pas alternatif, mais complémentaire. Elle invite une culture du soin plus humaine, plus collaborative, et plus ouverte.


🔗 Pour aller plus loin :


  • « La pair-aidance ne prétend pas remplacer l’expertise médicale ; elle la complète, la réhumanise et surtout, elle l’interroge » — Le Monde, 5 octobre 2025 Le Monde.fr 
  • « Les politiques de santé mentale doivent aller au-delà de l’offre de soins » — Le Monde, 8 août 2025 Le Monde.fr


  • Note de cadrage HAS sur la pair-aidance dans les organisations sanitaires, sociales et médico-sociales HAS Santé






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